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Petit traité de la joie
Martin Steffens est un philosophe messin actuel.
Page 146 : "Tout le monde l'a remarqué : la communauté des hommes heureux, libres et chantants, n'est pas celle des sociétés déchristianisées dont les villes tentaculaires sont saturées de haine et d'impatience chaque fois que débutent les soldes d'été et la course aux cadeaux de Noël. La communauté des hommes heureux est peut-être celle de ceux dont l'audace est de chanter chaque dimanche, voire chaque jour, qu'il pleuve ou qu'il vente, qu'il tombe des rayons de soleil ou des bombes, la joie commune d'avoir un jour vu le jour. A présent, on ne veut plus entendre ces hymnes de louanges ni surtout y joindre sa voix propre : on ne veut pas se compromettre à un bonheur si proche et si gratuit. Comme l'exige Nietzsche : il faut du lointain, non du prochain. On veut désormais un bonheur difficile, dont il est possible de s'enorgueillir pour mieux s'en culpabiliser. On ne veut du bonheur qu'à force de travail, de régimes ou d'excès, de festivités devenues obligatoires. Ce serait trop facile, sinon. On a tué la joie en interdisant d'en rendre grâces."
Tags : Martin Steffens, petit traité de la joie, consentir à la vie, philosophie, Salvator
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