• Philippe

    Philippe

    J'ai été membre du Comité de quartier du Centre Ville de Metz à sa création le 4 février 2009.

    J'ai alors créé cet espace d'échanges pour :

    1) faire connaître mes propositions pour la ville de Metz ;

    2) recueillir vos idées et critiques.

    NB. Je vous propose de laisser des commentaires sur le site.

     

    Pourquoi ce nom de blogue ?

    Life is not all beer and skittles, la vie, ce n'est pas que la bière et les quilles : la vie n'est pas toujours rose. Le rose, c'est la couleur du socialisme, puisque Metz est corsetée par les socialistes et leurs alliés (Les alliés ne s'opposent pas, ils sont complices). "Le socialisme n'est pas inéluctable ; il n'est même pas populaire et il n'est pas le seul, ni même le bon moyen, de restaurer leurs droits aux pauvres. Nous sommes arrivés à la conclusion que le remède n'est pas de supprimer la propriété, mais de la répartir plus équitablement entre le petit nombre et le grand nombre. Nous pouvons maintenant prendre en considération Rerum Novarum de Léon XIII et nous apercevoir qu'il disait exactement ce que nous disons aujourd'hui." G.K. Chesterton, L'Eglise catholique et la conversion, publié en 1926, Editions de l'Homme Nouveau, 2010, p. 122.

    Christ aux liens 

     

    Mes centres d'intérêts : Metz bien sûr ! Le vrai, le bien, le beau (cf. le philosophe Platon).

    Les films qui me plaisent : Mission, Katyn, Vent d'Est, Michael Collins, La vie des autres, Apocalypto, La Passion du Christ, Intouchables, Gran Torino, Le Prodige.

    La musique que j'écoute avec plaisir : le chant grégorien, le chant polyphonique, le chant populaire, Louis Théodore Gouvy, Gabriel Pierné, Hector Berlioz par exemple.

    Les livres que j'aime : Le Cheval Rouge, Ceux de 14, Les enquêtes du Père Brown, Aristote au Mont saint Michel, Colette Baudoche, Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste.

    Mes loisirs: activités sportives, culturelles, associatives.

     

    Citations

    O'Connell de la Légion de Marie : "Je lègue mon corps à l'Irlande (chacun peut ici remplacer par son pays), mon coeur à Rome et mon âme au ciel."

    Saint curé d'Ars : "Le monde appartient à celui qui l'aime le plus et lui prouve cet amour."

    "Dans cette bigarrure, une seule chose d'abord est commune à tous : le combativité. Quelles ruses et quelle ténacité ne fallut-il pas au plus humble de ces élus contre ses adversaires, pour les vaincre, et contre ses amis, pour les évincer ! Le siège conquis doit être gardé ! Le député demeure toujours candidat. Jusque dans Paris il bouillonne des haines, des intérêts, de toutes les passions de son arrondissement. Toutefois, ces députés, ces petites bêtes de proie, aussi différentes entre elles que les cinq cent quatre-vingts parcelles de terre où elles furent nourries, adoptent rapidement des moeurs et une âme corporatives. Sous la discipline du Palais-Bourbon et par la force des choses, ils s'approchent d'un certain type parlementaire qui est bien la "caponerie", c'est-à-dire le caractère d'un joueur rusé, fin, ennemi de tout héroïsme, appliqué seulement à prendre des avantages." Maurice Barrès, Leurs figures, Emile-Paul frères éditeurs, nouvelle édition, Paris, 1917, p. 5.

    "Au reste, je ne songe pas à me substituer aux spécialistes de la pédagogie. Je leur signale qu'ils obtiendront un plus beau rendement, s'ils tiennent compte (puisqu'aussi bien on ne saurait donner à un élève que ce qu'il possède) des qualités de race, des dispositions locales, de toute l'hérédité qu'ils doivent éveiller et façonner dans leurs écoles. Mais c'est à eux de connaître les moyens. Et même je ne me fie dans aucune disposition formelle des programmes : les plus sages règlements demeureront impuissants si un esprit ne vient pas animer l'ensemble des études. Il y faut les inspirations de l'amour, de l'amour pour la terre et pour les morts. Nul manuel d'histoire locale ne suppléerait chez les instituteurs certain sentiment de vénération qui, sensible à chaque minute de leur enseignement, saura seul éveiller chez l'enfant la génialité de la race". Henri de Saint-Phlin, cité par Maurice Barrès, ibid., p. 248.

    "J'ai tracé pour mon fils plusieurs plans d'études littéraires, philosophiques et artistiques en Lorraine. les champs de bataille de 1870, la petite ville de Varennes où la monarchie française périt dans un accident de voiture ; les Guise ; Saverne, sur la frontière d'Alsace, que le bon duc Antoine ensanglanta des Rustauds ; Jeanne d'Arc, telle que l'illumine Domrémy parcouru pas à pas ; Baudricourt et Domvallier, humbles villages qui couvèrent la lointaine formation de Victor Hugo ; Chamagne, dont Claude Gelée n'oubliait pas dans Rome la douceur ; le sublime paysage de Sion-Vaudémont, désert, et qui embrasse sept siècles de nos destinées ; la Moselle, chantée par Ausone et pleine de romanité, voilà qui nous parle ; voilà qui nous découvre nos points fixes." Ibid., p. 250.

    "Au berceau d'un orphelin, à l'hôpital, comme pis aller, il faut bien que l'on appelle la froide déesse Raison. Pitoyable nourrice ! J'aimerais mieux la mort que cette infatuée. Par contre, un petit enfant chez qui l'on distingue et vénère les émotions héréditaires, que l'on meuble d'images nationales et familiales, tout au cours de sa vie, dans son fond possédera une solidité plus forte que toutes les dialectiques, un terrain pour résister à toutes les infections, une croyance, c'est-à-dire une santé morale." Maurice Barrès, Les amitiés françaises, Société littéraire de France, Paris, 1919, p. 20.

    "Quand nous voudrons marquer ces sentiments instinctifs de sympathie par quoi des êtres, dans le temps aussi bien que dans l'espace, se reconnaissent, tendent à s'associer et à se combiner, je propose qu'on parle plutôt d'affinité. Le fait d'être de même race, de même famille, forme un déterminisme psychologique ; c'est en ce sens que je prends le mot d'affinité. Mais si ce fait brut, l'affinité, est humanisé et cultivé systématiquement, si la notion que nous en prenons est mêlée de tendresse et de respect, ne suis-je pas autorisé à le nommer amitié ? Entre un jeune Lorrain conscient et sa vallée de la Moselle (pays chargé de la plus incontestable noblesse historique) il y a autre chose qu'une solidarité, autre chose qu'une affinité : il y a comme une AMITIE." Ibid., p. 23.

    "Si nous cherchons le meilleur dressage pour qu'un enfant se fasse de convenables "amitiés", il faut d'abord que son imagination se forme en toute confiance auprès de ses parents. Une magnifique condition, c'est ensuite que le pays où il habite, au lieu d'être une chose inanimée, un milieu morose, devienne une influence. Toute région présente une pensée, et cette pensée demande à pénétrer les coeurs. Que l'enfant la respire. Il ne s'agit pas de savoir des choses sur un pays, car cela fait une assez vaine curiosité, mais, tandis que l'enfant s'anime au contact d'un horizon, sa mobilité, son plaisir lui amassent des matériaux ; et très aisément, avec de petits pèlerinages, l'on peut dégager chez un jeune garçon ses dispositions chevaleresques et raisonnables, le détourner de ce qui est bas, l'orienter vers sa vérité, susciter en lui le sentiment d'un intérêt commun auquel chacun doit concourir, le préparer enfin à se comprendre comme un moment dans un développement, comme un instant d'une chose immortelle." Ibid., p. 27.

    "Des ex-voto militaires tapissent la crypte de la basilique de Domrémy. Chaque jour, on y dit, pour les soldats de la France, la messe. Un évêque de Saint-Dié, monseigneur Sonnois, s'est souvenu avec beaucoup de bonheur que Jeanne avait à plusieurs reprises répété : "S'il faut que je meure bientôt, dites de ma part au roi notre seigneur, qu'il fonde des chapelles où l'on prie pour le salut de ceux qui seront morts pour la défense du royaume"." Ibid. p. 109.

    "Le bonhomme leur racontait encore l'installation de l'Arbre de la Liberté sur la place de l'église. C'était un beau peuplier, qu'on était allé chercher dans la prairie communale. il fallait le baptiser : "On prit un de vos parents malgré ses résistances. Les sans-culottes lui passèrent au côté l'écharpe tricolore et lui appliquèrent avec violence la tête contre le peuplier, tellement que le sang jaillit. Ce sang de chrétien, ils l'offrirent à leur déesse Raison, et soudain, pris de délire, se formèrent en rond, hommes, femmes et enfants, chantant, criant des couplets en l'honneur de leur déesse. Puis le curé assermenté (qu'il soit maudit, l'apostat !) vint asperger le peuplier d'eau soi-disant bénite. Et pendant ce temps, mes petits, que faisaient vos bons parents ? Ils priaient et se tenaient la face contre terre, pour ne pas voir le loup-garou opérer ses profanations"." Maurice Barrès, La colline inspirée, 1912, Le livre de Poche, 1962, page 21.

    "Eternel dialogue de ces deux puissances ! A laquelle obéir ? Et faut-il choisir entre elles ? Ah ! plutôt qu'elles puissent, ces deux forces antagonistes, s'éprouver éternellement, ne jamais se vaincre et s'amplifier par leur lutte même ! Elles ne sauraient se passer l'une de l'autre. Qu'est-ce qu'un enthousiasme qui demeure une fantaisie individuelle ? Qu'est ce qu'un ordre qu'aucun enthousiasme ne vient plus animer ? L'Eglise est née de la prairie et s'en nourrit perpétuellement, - pour nous en sauver." Maurice Barrès, La colline inspirée, 1912, Le Livre de Poche, 1962, p. 252.

    "Cette alliance entre les nymphes des bois, les vieux dieux dépossédés, et les voix les plus hautes du christianisme, il faut croire qu'il y tenait puisque parmi ses dernières pages publiées dans le Mystère en pleine lumière, nous trouvons la Sibylle d'Auxerre. Il aimait ces textes du moyen âge où les déesses antiques servent à proclamer la gloire du Christ, il aimait ce Dante qui parla un jour du grand Jupiter crucifié pour nous. Et je vois bien, sans doute, ce qui pouvait irriter, dans le paganisme de Barrès, ses amis catholiques. Il était allé plus loin que l'enchanteur breton, qui se contentait de dire que les saintes étaient aussi belles que les déesses, et entendait par là prouver le génie du christianisme. Barrès aurait volontiers laissé entendre que les saintes étaient d'anciennes déesses ressuscitées. (...) Domrémy était, presque autant que Sion, un des lieux de pèlerinage de Barrès. C'est là qu'il découvrait, lui l'ami des sibylles et des saintes, l'accord le plus parfait qui soit entre les voix de la terre et celles du ciel. Ne nous étonnons pas : ces petites filles en robe rouge qui vont porter leurs chapeaux de fleurs aux fées et à la Vierge devaient le séduire. Pour lui, Jeanne n'est pas une bergère ignorante : elle est, au contraire, miraculeusement cultivée, dans ce vieux pays nourri de légendes, de récits de voyageurs, d'Evangiles (authentiques ou apocryphes). Elle est toute raison en même temps que tout mystère. En elle s'unissent, comme il dit si curieusement, le sang de Velléda et celui des centurions romains. car, transmutée par la raison romaine, par l'intelligence la plus aiguë qui ait jamais existé, ce que Barrès retrouve en elle, tout au fond, c'est une voix celtique. (...) C'est une harmonie purement française, et si belle que peu de temps ont pu la réaliser. On conçoit qu'elle ait séduit Barrès, qui n'a jamais pu trouver meilleure incarnation de son mythe de la chapelle et de la prairie. Robert Brasillach, Portraits, Barrès vivant, Plon, 1957.

    "Dieu est en nous. C'est cette présence intérieure qui nous fait admirer le beau, qui nous réjouit quand nous avons bien fait et qui nous console de ne pas partager le bonheur du méchant. C'est lui sans doute qui fait l'inspiration dans les hommes de génie et qui les enchante au spectacle de leurs propres productions. Il y a des hommes de vertu, comme des hommes de génie ; les uns et les autres sont inspirés et favorisés de Dieu... Leur satisfaction intérieure d'obéir à la divine inspiration est une récompense suffisante." Eugène Delacroix, à la fin de sa vie, octobre 1862, cité par Maurice Barrès dans Le testament d'Eugène Delacroix, dans le livre Le mystère en pleine lumière, Plon, 1926, pages 109-110.

    "On accepte, on plaint l'héritier de l'Empire que les préjugés religieux et les vieilles filles gardiennes de la morale empêchent d'épouser une étrangère divorcée et qui ne lui donnera désormais plus d'enfant. Mais on détestera l'Empereur qui vit avec cette femme au mépris des traditions séculaires." Titus, dans La Reine de Césarée - Bérénice, acte III, de Robert Brasillach.

    Un grand mérite du christianisme a été de conserver tout ce qui était bellement humain dans l'héritage païen, de conserver tout ce qui était "le bon grain" des sociétés antérieures et de reconnaître partout les efforts des hommes de bonne volonté.

    "Turcs et Arabes sont très différents et se détestent. Ils ont pourtant en commun l'Islam. Et sous cet Islam, vous rencontrerez les vieux habitants de cette terre, les nations chrétiennes asservies. Ah ! il est sûr que cet esclavage les a diminuées, et il est sûr en outre qu'elles sont différentes de nous. Mais toutes ces nations d'Orient sont très intéressantes, très laborieuses. Laborieuses, n'est-ce pas dire civilisées ?

    Et puis elles sont notre clientèle : catholiques latins, que nous protégeons de par les traités ; chrétiens catholiques ottomans (Chaldéens, Syriens de l'intérieur, Maronites, Melkites, Arméniens catholiques) que nous patronnons en vertu d'un usage reconnu ; chrétiens de toute confession qui, chaque fois qu'ils ont été molestés, se sont tournés vers l'Occident et spécialement vers la France en vertu d'une tradition qui n'est inscrite dans aucun document officiel, mais dans les consciences. Il faut toujours se rappeler cela, quand il s'agit de juger les minorités dans l'empire ottoman. Elles y sont la matière de toute notre activité. Nous leur sommes liés par notre honneur et par nos intérêts.

    Le Turc aussi a sa valeur. Mais pour s'éviter d'effroyables surprises, il faut distinguer sous ses apparences son invincible nature et ne pas prendre à la lettre la vision enchanteresse de Loti.

    C'est justement qu'on vante les paysans turcs. Il n'y a pas de population plus stable en Orient que celle de l'Asie Mineure. A l'encontre de ce que nous constatons en Attique et dans le Péloponnèse, la population grecque antique a subsisté en Orient. Le paysan turc est à peu près certainement un Grec qui a subi l'Islam, comme il fallait bien, l'Islam promené par le cimeterre. Voyez sa physionomie ; pas les pommettes saillantes, pas la face large et un peu aplatie du Mongol et du véritable Turcoman ; ils ont le type aryen. On retrouve vivants et riants au milieu d'eux les visages des vieilles statues qu'on déterre sous leurs pieds.

    Quant au Turc de Constantinople, le Turc fonctionnaire, celui qui plaît tant à Loti et à Farrère, il a une amabilité sans égale, une puissance de caresse extraordinaire. Leurs mères sont à l'ordinaire des Géorgiennes ou des Circassiennes, car les Turcs ont la préoccupation de choisir les femmes les plus belles. Ils les attrapent comme on attrape les oiseaux. A leur usage, il y a des voleurs de jeunes filles dans le Caucase. Ainsi, dans la société de Constantinople le type ne cesse pas de s'affiner. Seulement, persuadez-vous bien qu'il y a chez Loti plus de poésie que d'esprit critique et d'informations. Il faut en dire autant des ambassadrices. La femme turque n'existe pas, et, à Constantinople, les Européennes sont de véritables reines. En quittant cette ville, elles croient descendre des marches du trône. Et d'une telle souveraineté, tout naturellement, elles gardent aux Turcs une gratitude infinie. Elles n'ont guère été réveillées de ce rêve que dans les trois jours des massacres de Constantinople.

    Le 26 avril 1896, à dix heures du matin, les massacreurs descendirent la grande rue de Péra, par bandes de cent cinquante ou deux cents assassins, armés de massues, toutes du même modèle et sorties de la même fabrique : des bâtons de fer terminés par une boule. A midi, la tuerie méthodique battait son plein. Le premier jour, ils tuèrent dans les rues et les tramways, le second et le troisième jour dans les maisons. Douze mille Arméniens périrent. Trois mille cinq cents se borne à dire l'enquête officielle. Ce fut pour les dames françaises de Constantinople une révélation du Turc sanglant, un regard profond sur les dangers perpétuels qui justifient en Orient la peur constante des minorités." Maurice Barrès, Une enquête aux pays du Levant, Plon, 1923, pages 9 - 11.

    Dans une lettre (5 mars 1901) à son beau-frère, Charles de Foucauld demandera instamment que ses neveux soient élevés par des maîtres chrétiens. "Je n'ai eu aucun maître mauvais, - tous au contraire, étaient très respectueux ; - même ceux-là font du mal, en ce qu'ils sont neutres, et que la jeunesse a besoin d'être instruite non par des neutres, mais par des âmes croyantes et saintes, et en outre par des hommes savants dans les choses religieuses, sachant rendre raison de leurs croyances et inspirant aux jeunes gens une ferme confiance dans la vérité de leur foi...

    Que mon expérience suffise à la famille, je vous en supplie !" Charles de Foucauld, cité par René Bazin, de l'Académie française, éditions Parthénon, 2016, pages 25 - 26 (réédition).

    "Il est curieux de lire les lignes que je vais citer, quand on se souvient surtout que l'homme qui les a écrites devait donner une grande partie de sa vie à la conversion de ces peuples de l'Afrique du Nord, au sujet desquels, même tout jeune, il avait peu d'illusions.

    "Presque partout, dit-il, règne une cupidité extrême et, comme compagnons, le vol et le mensonge sous toutes leurs formes. En général, le brigandage, l'attaque à main armée, sont considérés comme des actions honorables. Les moeurs sont dissolues. La condition de la femme est, au Maroc, ce qu'elle est en Algérie. D'ordinaire peu attachés à leurs épouses, les Marocains ont un grand amour pour leurs enfants. La plus belle qualité qu'ils montrent est le dévouement à leurs amis ; ils le poussent aux dernières limites. Ce noble sentiment fait faire chaque jour les plus belles actions... Le Maroc, à l'exception des villes et de quelques districts isolés, est très ignorant. Presque partout, on est superstitieux, et on accorde un respect et un confiance sans bornes à des marabouts locaux dont l'influence s'étend à une distance variable. "" Ibid., pages 53 - 54.

    "La sainteté est le plus puissant attrait qui rassemble les âmes. Celle de l'abbé Huvelin s'était promptement révélée dans les conférences qu'il faisait aux jeunes gens, depuis 1875, sur l'histoire de l'Eglise. Malgré ses protestations, il avait vu des femmes en grand nombre, et des hommes ayant dépassé la jeunesse, se mêler au public auquel ses conférences de la crypte étaient d'abord réservées. Il parlait aussi dans la chaire de la paroisse, et on se pressait pour entendre ce causeur qui ne récitait pas, ne cherchait pas à étonner, mais improvisait sur un thème toujours très étudié, laissant vivre et s'exprimer au naturel un esprit jaillissant, prudent en doctrine, hardi devant les mots qu'il faut dire, abondant en réminiscences de littérature ou d'histoire, homme de la digression, de la parenthèse, de l'exclamation, du trait inattendu, avant tout de la longue expérience du monde et de la miséricorde. Par là, il était près de chacun de ses auditeurs ; par là, il était l'ami sûr et souhaité. Sa pitié pour les pécheurs, on peut dire sa tendresse, touchait les plus indifférents. On sentait qu'il les voulait meilleurs pour qu'ils fussent plus heureux, et qu'il pensait toujours, pour ceux qui n'y songeaient guère, à l'heure définitive où ils paraîtraient devant Dieu, où ils seraient jugés, condamnés, malheureux, sans espoir de mourir, car la mort n'existe pas, même un instant : il n'y a que deux vies.

    Le zèle extrême de l'abbé Huvelin, ses démarches, les visites qu'il faisait et celles qu'il recevait, son immense correspondance, -des billets courts, affectueux et nets, - le redoublement d'austérité dont, à certaines périodes, on eut la preuve sans en savoir exactement les causes : tout s'explique par cet amour des âmes aventurées." Ibid., pages 91 - 92.

    "L’abbé Huvelin vit entrer dans son confessionnal, à Saint-Augustin, un jeune homme qui ne s’agenouilla pas, qui se pencha seulement, et dit :

    - Monsieur l’abbé, je n’ai pas la foi ; je viens vous demander de m’instruire.

    M. Huvelin le regarda :

    - Mettez-vous à genoux, confessez-vous à Dieu : vous croirez.

    - Mais je ne suis pas venu pour cela.

    - Confessez-vous.

    Celui qui voulait croire sentit que le pardon était pour lui la condition de la lumière. Il s’agenouilla, et confessa toute sa vie.

    Quand il vit se relever le pénitent absous, l’abbé reprit :

    - Vous êtes à jeun ?

    - Oui.

    - Allez communier !

    Et Charles de Foucauld s’approcha aussitôt de la table sainte, et fit sa « seconde première communion »." Ibid., pages 95 - 96.

    "Tu veux savoir, répond Frère Marie-Albéric (Charles de Foucauld), si je suis en contact avec les musulmans : peu. Il me semble que ce mélange de Kurdes, de Syriens, de Turcs, d'Arméniens, ferait un peuple brave, laborieux et honnête, s'il était instruit, gouverné, converti surtout. Pour le moment, ils sont pressurés sans merci, profondément ignorants, et la religion musulmane a sur les moeurs sa triste influence : notre région est un coin de brigands. C'est à nous à faire l'avenir de ces peuples. L'avenir, le seul vrai avenir, c'est la vie éternelle : cette vie n'est que la courte épreuve qui prépare l'autre. La conversion de ces peuples dépend de Dieu, d'eux et de nous, chrétiens. Dieu donne toujours abondamment la grâce ; eux sont libres de recevoir, ou de ne pas recevoir la foi ; la prédication dans les pays musulmans est difficile, mais les missionnaires de tant de siècles passés ont vaincu bien d'autres difficultés. C'est à nous à être les successeurs des premiers apôtres, des premiers évangélistes. La parole est beaucoup, mais l'exemple, l'amour, la prière, sont mille fois plus. Donnons-leur l'exemple d'une vie parfaite, d'une vie supérieure et divine ; aimons-les de cet amour tout-puissant qui se fait aimer ; prions pour eux avec un coeur assez chaud pour leur attirer de Dieu une surabondance de grâces, et nous les convertirons infailliblement..." Ibid., page 115.

    "Notre travail, ç'a été en automne de vendanger, de nettoyer les champs ; en hiver de scier du bois ; au printemps de piocher la vigne ; en été de récolter le foin, de moissonner. Avant-hier a fini la moisson. C'est le travail des paysans, travail infiniment salutaire pour l'âme : tout en occupant le corps, il laisse à l'âme le pouvoir de prier et de méditer. Puis ce travail, plus pénible qu'on ne le pense quand on ne l'a jamais fait, donne une telle compassion pour les pauvres, une telle charité pour les ouvriers, les laboureurs ! On sent si bien le prix d'un morceau de pain, quand on voit par soi-même combien il coûte de peine pour le produire ! On a tant de pitié pour tout ce qui travaille, quand on partage ces travaux !..." Ibid., page 117.

    "Les tentations contre l'obéissance continuaient d'exercer la vertu jeune encore du religieux ; l'esprit de défiance essayait de le troubler, et lui représentait que les supérieurs se trompaient, assurément, et ne connaissaient pas la manière de conduire chacun, et qu'il serait aisé, en tout cas, de nommer un novice dont ils ignoraient les véritables inclinations. Frère Marie-Albéric faisait taire cette voix tentatrice ; mais l'autre, celle qui disait : "Va plus loin !" il l'entendait toujours. Très résolu à ne pas sortir de l'obéissance, il attendait, sans savoir où elle le voulait mener, un signe certain de cette volonté qui le tirait dehors." Ibid., page 122.

    "Se confier à qui en est digne, parler librement, ne pas différer l'aveu, n'être patient que dans la suite, et s'il le faut : les hommes n'ont pas trouvé meilleur moyen de chasser de leur âme les nuées qu'amassent en nous l'incertitude et la bataille de nos raisonnements. C'est une méthode loyale, prompte, militaire. Elle devait être celle de Charles de Foucauld." Ibid., page 123.

    "Je m'éloignais de plus en plus de vous, mon Seigneur et ma vie... et aussi ma vie commençait à être une mort, ou plutôt  c'était déjà une mort à vos yeux... Et dans cet état de mort vous me conserviez encore : vous conserviez dans mon âme les souvenirs du passé ; l'estime du bien ; l'attachement dormant comme un feu sous la cendre, mais existant toujours, à certaines belles et pieuses âmes ; le respect de la religion catholique et des religieux ; toute foi avait disparu, mais le respect et l'estime étaient demeurés intacts.. Vous me faisiez d'autres grâces, mon Dieu, vous me conserviez le goût de l'étude, des lectures sérieuses, des belles choses, le dégoût du vice et de la laideur... Je faisais le mal, mais je ne l'approuvais ni ne l'aimais... Vous me faisiez sentir un vide douloureux, une tristesse, que je n'ai jamais éprouvée qu'alors... elle me revenait chaque soir, lorsque je me trouvais seul dans mon appartement... elle me tenait muet et accablé pendant ce qu'on appelle les fêtes ; je les organisais, mais, le moment venu, je les passais dans un mutisme, un dégoût, un ennui infinis... Vous me donniez cette inquiétude vague d'une conscience mauvaise, qui, tout endormie qu'elle est, n'est pas tout à fait morte. Je n'ai jamais senti cette tristesse, ce malaise, cette inquiétude qu'alors. Mon Dieu, c'était donc un don de vous... comme j'étais loin de m'en douter !... Que vous êtes bon !... Et en même temps que vous empêchiez mon âme, par cette intervention de votre amour, de se noyer irrémédiablement, vous gardiez mon corps : car si j'étais mort alors, j'aurais été en enfer..." Ibid., pages 156 - 157.

    "La première oeuvre à entreprendre, au dire de l'ermite (Charles de Foucauld), serait "l'oeuvre des esclaves". Ils sont misérables de toute manière, traités le plus durement qui soit par les Arabes de race et plus particulièrement par les marabouts ; ils ont tous les vices et n'ont pas d'espérance, ni d'amis. Mais bientôt ils regarderaient, comme des sauveurs, les chrétiens qui leur feraient du bien, et peut-être les premières chrétientés sahariennes seront-elles, un jour, comme le furent celles de Rome, en grande partie formées d'esclaves. La seconde oeuvre se proposerait de donner un abri et un repas aux voyageurs pauvres, qui couchent à la belle étoile, lorsque la nuit est si froide. Il faut songer aussi à l'enseignement chrétien des enfants. Point d'autre école, dans toute l'oasis, qu'une école musulmane. Une foule d'enfants courent tout le jour, désoeuvrés, vagabonds, rapidement pervertis ; il faudrait au moins une salle d'asile, où ils apprendraient la lecture, l'écriture, le français, l'histoire sainte et le catéchisme, où on leur donnerait quelques dattes le matin, un peu d'orge cuit le midi : cela coûterait "deux sous par jour, au maximum." Et, sans doute, on aurait peu d'enfants arabes dans cette école chrétienne, mais les petits Berbères, enfants d'une race douce et bien disposée pour la latinité qu'elle a jadis connue, y viendraient tous. Les Berbères ne sont point fanatiques, ni méprisants. Et il est à croire que ce sera, dans l'avenir, "l'établissement des Berbères dans la foi qui y disposera et y fera entrer les Arabes."" Ibid., pages 228 - 229.

    "Les hommes meurent chaque jour, et les âmes tombent en enfer, ces âmes rachetées à un si grand prix, teintes du sang de Jésus, que sainte Colette voyait tomber en enfer, aussi pressées que les flocons de neige dans le tempêtes d'hiver." Charles de Foucauld cité, ibid., page 232.

    "Bien-aimé et vénéré Père, les peines suivent de près les joies... C'est avec peine que je vous écris aujourd'hui, car je sais que votre séjour de Taghit ne se passera pas sans tristesse... C'est par la croix que Jésus a voulu sauver les hommes, c'est par elle qu'il continue à les sauver : ses apôtres, ceux qui prolongent sa vie ici-bas, font du bien dans la mesure de leur sainteté, mais à condition de souffrir et dans la mesure aussi de leur souffrance... Si pour être un alter Jesus, pour que "ce ne soit plus nous qui vivions, mais Jésus qui vive en nous", il faut avant tout être un saint, avant tout brûler d'amour comme son coeur, il faut aussi porter la croix et être couronné du sanglant diadème.

    L'épreuve qui vous a atteint est une divine rosée pour la mission du Sahara ; toutes vos douleurs, toutes vos larmes sont des âmes... C'est par les croix que nous envoie Jésus, bien plus que par les mortifications de notre choix, que nous boirons au calice de l'époux et serons baptisés de son baptême, car bien mieux que nous, il sait nous crucifier...

    Bien-aimé Père, je ne vous dis pas : Soyez résigné ; je vous dis : Bénissez, remerciez, fondez-vous en action de grâces ; ce sont des âmes que Jésus vous donne ; votre souffrance est leur salut... Puissiez-vous beaucoup souffrir pour en sauver beaucoup !... Puissiez-vous mourir à la peine pour en sauver le plus possible !...Que Jésus est bon de nous donner part à son calice, qu'il est bon de marquer le mois de son coeur en perçant le votre, qu'il est bon d'entendre votre prière et de vous faire souffrir pour vous rendre sauveur !...

    Je ne sais si vous sentez comme moi : séparé depuis si longtemps d'âmes si chères, lorsque j'apprends le départ de l'une d'elles pour la Patrie, ce n'est pas une séparation, me semble-t-il, mais le commencement de la réunion ; je puis leur parler et elles m'entendent ; les prier et j'espère qu'elles me secourent ; c'est le commencement de l'union éternelle." Charles de Foucauld cité, ibid., pages 258 - 259.

    Il écrivait ainsi ses condoléances à un ami prêtre qui venait de perdre une parente. C’est tout le mystère du mal et de la souffrance.

    "Il y aura bientôt cent ans que nous avons commencé de conquérir l'Algérie. Depuis lors, un domaine immense s'est ajouté à ces premiers rivages sur lesquels, en 1830, avaient débarqué les troupes françaises. Depuis lors également, bien des efforts ont été faits pour assimiler les indigènes. Notre empire africain a été doté de routes, de chemins de fer, de tramways, de bureaux de poste et de télégraphe ; on a répandu de nouvelles cultures ou de nouvelles méthodes agricoles, établi des hôpitaux et des dispensaires, bâti des écoles où tout est enseigné, excepté la religion chrétienne. Les indigènes sont-ils plus près de nous, par l'esprit, qu'au début de la conquête ? Usant, très volontiers, de plusieurs des biens que notre civilisation leur apporte, ont-ils accepté celle-ci et peut-on dire qu'ils se considèrent comme les fidèles sujets de la France, et à jamais ?

    Il suffit de connaître un peu l'histoire des trente ou quarante dernières années, non pas même celle des régions nouvellement annexées, mais celle des trois départements anciens, Alger, Oran, Constantine, pour répondre : non. Il suffit de moins encore : de se promener pendant une heure au milieu de foules musulmanes, et de savoir lire dans les yeux. Sans doute, pendant la Grande Guerre, des milliers d'Arabes ou de Berbères, sujets de la France, sont venus combattre aux côtés de nos troupes métropolitaines, et beaucoup sont morts pour notre salut. Il y eut là une preuve de loyalisme qui ne sera jamais oubliée. Mais bien des tribus et des peuples, depuis que le monde est monde, firent la guerre pour soutenir des causes qui n'étaient point celles de leur coeur, mais plutôt celles de leur courage, de leur intérêt, de leur fierté. Il serait faux, et donc dangereux, de croire que, depuis 1914, les populations musulmanes de l'Afrique du Nord se sont assimilées à nous, ou simplement rapprochées de nous, et qu'il y a, entre elles et nous, intelligence, estime, amitié, seuls liens durables." Ibid., pages 262 - 263.

    "Justice et colère de Dieu

    Qui connaît la puissance de votre colère ? Quelle est l'imagination assez forte, quel est l'esprit si pénétrant, quelle est la bouche d'airain, la langue de feu, la voix de tonnerre, qui pourra dignement expliquer la grandeur de la colère de Dieu ? Ne la connaissez-vous pas, Lucifer, vous qui êtes le premier criminel ? Ne la connaissez-vous pas, Anges rebelles, esprits superbes et orgueilleux, qui brûlez depuis tant de siècles sans pouvoir être consumés ? Ne la connaissez-vous pas, Adam, auteur infortuné de tous nos malheurs, qui avez été réduit à une honteuse servitude après avoir été dépouillé de tous les ornements que la justice originelle vous avait donnés ? Ne la connaissez-vous pas, Noé, qui lui vîtes ouvrir toutes les écluses de l'air et de la mer, pour noyer toute la terre ? Superbe Egypte, ne la connais-tu pas ? Ne l'as-tu pas vu courir toutes tes villes et tes habitations, l'épée exterminatrice d'une main, et de l'autre semant les dix plaies dont une seule suffisait pour ta ruine ? Ne la connais-tu pas, Nabuchodonosor, toi qu'elle a chassé de ton palais comme une bête sauvage ? Toi, Balthasar, ne la connais-tu pas aux caractères qu'elle trace, et devant lesquels tu demeures glacé d'effroi ? Saül, toi à qui elle a arraché la couronne et la vie, ne la connais-tu pas ? Ne la connais-tu pas, infortuné Sédécias, qui la vis dans les prisons de Babylone égorger trois ou quatre petits rois, tes enfants, à tes yeux, qu'elle t'arracha aussitôt après pour t'empêcher de ne plus rien voir de consolant et d'agréable ?... Qui connaît la puissance de votre colère ? Personne, personne ne la connaît, ni Sédécias, ni Saül, ni Balthasar, ni Nabuchodonosor, ni Sodome, ni l'Egypte, ni Noé, ni les anges rebelles, ni Lucifer : personne ne saurait la concevoir. Le sang d'Egypte n'est pas assez rouge pour la dépeindre, les feux de Sodome ne sont pas assez brûlants pour en donner une idée, la bouche de l'enfer est trop petite pour la raconter, l'esprit de l'homme n'est pas assez puissant pour la concevoir, et les siècles sont trop courts pour la considérer ; il n'est que l'éternité, il n'est que l'éternité malheureuse qui nous puisse apprendre qu'est-ce qu'un Dieu courroucé, qu'est-ce que la colère de Dieu, qu'est-ce que la vengeance de Dieu, qu'est-ce que la justice de Dieu. Après cela l'on se flattera d'une vaine espérance, l'on dira que Dieu est bon, que Dieu est bon, et qu'il ne sait pas ce que c'est que de punir."

    Dom Bruno Samson, Témoin ardent du Coeur de Jésus, le Père Gaschon Missionnaire en Auvergne, Traditions monastiques, 2015, pages 277-278

    "Ce n'étaient pas les fils des roturiers qui décapitaient un fils de saint Louis. Les fils de roturiers n'eussent jamais décapité un fils de saint Louis. Les fils de roturiers n'eussent pas plus décapité un fils de saint Louis que les roturiers eux-mêmes n'eussent décapité saint Louis. C'étaient des fils de Philippe le Bel qui décapitaient un fils de Philippe le Bel. C'étaient des juristes qui décapitaient un juriste. C'étaient des légistes qui décapitaient un légiste. Et il est permis de dire et il faut dire : c'étaient des fils mieux venus de Philippe le Bel qui décapitaient un fils moins bien venu de Philippe le Bel." Charles Péguy